Colloque international "Victor Hugo, visionnaire de paix"

En janvier 1870, Victor Hugo, exilé dans l’île de Guernesey, est sollicité par des Cubaines qui ont dû fuir la brutalité de la répression des gouverneurs espagnols et se sont réfugiées à New-York. La réponse du poète est immédiate : une nouvelle fois, il affirme le droit de chaque nation à la Liberté, à l’Indépendance. Aucune d’entre elles, écrit-il, « n’a le droit de poser son ongle sur l’autre, pas plus l’Espagne sur Cuba que l’Angleterre sur Gibraltar. Un peuple ne possède pas plus un autre peuple qu’un homme ne possède un autre homme […]. Cuba se dressera un jour libre et souveraine parmi ses sœurs augustes, les républiques d’Amérique. »

Peu de temps après, des résistants cubains lui demandent de proclamer leur droit. Victor Hugo répond avec la même affirmation énergique : « Cuba est majeure. Cuba n’appartient qu’à Cuba […]. Cuba lutte, effarée, superbe et sanglante contre toutes les férocités de l’oppression. Vaincra-t-elle ? Oui. En attendant, elle saigne et souffre. »

 

Toute sa vie, Victor Hugo aura combattu les inégalités, il aura défendu les misérables, il sera intervenu pour que les Droits de la Femme et de l’Homme soient reconnus, il n’aura eu de cesse de dénoncer les injustices.

Et pas seulement en France.

Son engagement est universel et constant.

Ainsi, il prend fait et cause en faveur des républicains italiens dans leur lutte contre les troupes pontificales ; il intervient contre l’esclavage aux Etats-Unis et à Haïti ; il soutient les peuples qui veulent supprimer la peine de mort ; il est la seule voix qui dénonce l’expédition franco-anglaise qui a saccagé le Palais d’été de l’empereur de Chine ; il condamne les pogroms qui se déroulent en Russie, tout autant que les actions menées par les Turcs contre les Grecs ; etc., etc.

Plusieurs fois président du Congrès de la Paix, il exhorte les peuples à une « paix universelle », et il rêve qu’un jour « on montrera un canon dans les musées », qu’à « la place de l’idée de vengeance, de fanatisme et de guerre » il y aura « l’idée de réconciliation, de tolérance et de paix ».

Le cinq-centième anniversaire de la Fondation de La Havane qui s’est enrichie en 2005 d’une Maison Victor Hugo, est l’occasion de réunir, pour la première fois, les plus éminents spécialistes de l’écrivain – universitaires, chercheurs, traducteurs – venus des cinq parties du monde – Afrique, Amérique, Asie, Europe et Océanie – qui vont célébrer, chacun dans sa spécialité, le « visionnaire de Paix », le poète au « front éclairé » qui veut conduire les peuples vers plus d’Humanité pour que règne un jour, pour reprendre son mot, « l’universelle harmonie ».

 

Gérard Pouchain